mercredi 20 mars 2013

Petite parenthèse IDiote

 Si jamais ce singe est un Nasique.

Laurence A. Moran les appels IDiots car comment qualifier par d'autre termes les partisans de l'ID («Intelligent Design»)? Récemment le site «Evolution News and Views», l'IDiot David Klinghoffer nous a sorti une des plus magnifiques perles dont seuls les IDiots ont le secret, à savoir la démonstration du «Dessein Intelligent» par la faible pilosité humaine! Pour ce faire David Klinghoffer se base sur les propos de Nina Jablonski, celle-ci évoquant (et soutenant) le scénario selon lequel nos ancêtres auraient perdu leur poils pour facilité la perte de chaleur que nécessitait la station debout et la pratique de la «course-à-pied» (qui aurait été utile d'un point de vue sélectif et bien évidemment lié à notre spécialisation à la locomotion bipède). Nina Jablonski soutenant également que cette perte de pilosité aurait également entrainé un assombrissement de la peau de nos ancêtres, sachant que ces derniers vivaient alors très probablement en Afrique et qu'un taux de mélanine élevé est nécessaire pour se protéger des rayonnements ultra-violets (Nina Jablonki présume donc comme d'autres que les premiers représentants du genre Homo étaient «noirs»). En se basant sur ce récit simplifié (et il faut le reconnaitre mis en avant de manière trop péremptoire par Nina Jablonski), David Klinghoffer en déduit qu'il tient là une démonstration flagrante de la supériorité du «Dessein Intelligent» par-apport au «darwinisme»!

 David Klinghoffer (ci-dessus) vous explique (ci-dessous) la démonstration du «Dessein Intelligent» par l'absence de poils!
«Mais comme Jablonski le fait également remarquer, sous leur fourrure les chimpanzés ont la peau claire. Otez leur la fourrure et vous avez donc un animal de couleur claire qui sous le chaud soleil africain, serait extrêmement vulnérable aux rayons nocifs du soleil. Donc, vous avez besoin d'une peau foncée. Mais donc que serait l'avantage évolutif de cela [la peau foncée] avant la transition menant à une perte des poils? Aucune c'est évident. Alors, qu'est-ce qui est apparu en premier? La course à pied? Mais cela nécessite une absence de fourrure. L'absence de fourrure alors? Mais cela nécessite la peau foncée. OK donc la peau sombre est apparue en premier? Mais cela revient en quelque sorte à anticiper son utilité future avant que le moindre avantage évolutif entre en jeu, ce qui semble donc être dangereusement téléologique. L'évolution darwinienne ne peut pas mettre ainsi des choses de côté à l'avance, avec une vue vers de leur utilité à un stade ultérieur de l'évolution de la lignée. D'un autre côté cette anticipation est une caractéristique du Dessein Intelligent, avec laquelle nous sommes tous familiers dans notre vie quotidienne. Dans le cas contraire, cet aveugle barattage darwinien semble avoir eu beaucoup de chance en sortant ensemble ces trois innovations simultanément juste au bon moment. Cela ressemble plus à une illustration d'une innovation à dessein, n'est-il pas?» David Klinghoffer
What the F...?

Bon ok que répondre à pareille démonstration d'ignorance, de bêtise et de mauvaise foi combinées? Si ce n'est qu'en bon IDiot David Klinghoffer se raccroche à une vision ultra-adaptationniste de l'évolution, à un «darwinisme naïf» voulant qu'une espèce devrait toujours, à n'importe quelle moment de son évolution, être parfaitement adapté à son milieu? Cette mauvaise cariacture de l'évolution, limitée à sa seule dimension «darwinienne» (vision des plus caricaturale qui plus est) permet donc à David Klinghoffer de s'attaquer ni plus ni moins à un stupide épouvantail!


Certes dans ce cas-ci on pourrait également reprocher à Nina Jablonski de privilégier elle-même de manière quasi-exclusive des scénarios adaptationnistes alors que des causes non-adaptatives pour la perte de notre pilosité sont également tout à fait plausibles. Mais cela n'excuse cependant en rien la bêtise de David Klinghoffer car celui-ci force alors le trait en n'envisageant pas une seule seconde le fait qu'une espèce peut-être très bien survivre sans être optimale sur tous les points (à ce titre souvenez-vous de l'exemple du clitoris de la Hyène) et donc exclue fallacieusement toute possibilité de «coévolution»* des différentes caractéristiques phénotypiques mentionnées ici. Bref vous l'avez compris de la bêtise créationniste pur jus!

Bon aller je referme ici la parenthèse IDiote, celle-ci étant juste une piqûre de rappel du véritable niveau intellectuel de ce créationnisme sophistiqué nommé «Dessein Intelligent».

* Oui je sais le terme «coévolution» est habituellement réservé à des espèces distinctes évoluent chacun en fonction de l'autre en raison de leurs influences réciproques. Mais bon ce terme reste ici pratique pour décrire l'évolution de différentes caractéristiques phénotypiques ayant un impact sur d'autres du point de vue sélectif au sein d'une même espèce.

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