jeudi 20 janvier 2011

5. Y-a-t-il une controverse autour de l’origine dinosaurienne des oiseaux?

Ce message est la dernière partie d’une série de message consacré à la «controverse» sur l’origine dinosaurienne des oiseaux. Pour bien saisir le présent message vous pouvez vous référer à l’introduction. ainsi qu’à la première partie, à la deuxième partie et à la troisième partie de la présente série.


5. Y-a-t-il des scénarios alternatifs à l’origine dinosaurienne des oiseaux?

Dans le présent message nous revenons sur un point très important de l’argumentaires des BANDits (BANDits venant de «Birds Are Not Dinosaurs» en français les oiseaux ne sont pas dinosaures). En effet dans les parties précédentes de la présente série ont été traité les critiques des BANDits vis-à-vis de l’origine dinosaurienne des oiseaux. Mais même si cela a déjà été évoqué nous n’avons pas encore vu ce que les BANDits propose comme phylogénie alternative à l’origine dinosaurienne des oiseaux. Bref sachant que selon les BANDits les oiseaux ne descendent pas de dinosaures théropodes, quelle origine des oiseaux ces mêmes BANDits proposent-ils et surtout comment justifient-ils cette dernière?

Pour bien saisir l’origine des oiseaux défendue par les BANDits il faut commencer par aborder l’argument principal sur laquelle cette origine repose à savoir la question de l’origine du vol des oiseaux.

L’origine du vol des oiseaux.

L’origine du vol des oiseaux est l’un des principaux chevaux de bataille des BANDits. En effet les théorie de l’origine dinosaurienne des oiseaux stipule que ces derniers (les oiseaux) descendent de petits dinosaures théropodes Cœlurosauriens bipèdes. Certains chercheurs pensant que le vol des oiseaux auraient évolué chez certains de ces dinosaures coureurs via un mode de locomotion consistant à mobiliser les régimes de plumes des membres antérieurs, pour pouvoir effectuer des sauts et des «planages», permettant ainsi au dinosaure coureur de s’élever au-dessus du sol lui permettant ainsi peut-être d’attraper plus facilement certains insectes.


Or les BANDits affirme que la théorie voulant que le vol des oiseaux soit issus de dinosaures bipèdes, comporte une faille majeure justement parce que celle-ci stipule que le vol serait apparu en tant que spécialisation à la cours à pied chez ces mêmes dinosaures bipèdes. Chose qui serait, selon les BANDits, mécaniquement impossible et donc l’origine dinosaurienne des oiseaux ne tiendrait donc absolument pas la route!


Les BANDits proposent une théorie de l’origine des oiseaux qui seraient selon eux beaucoup plus satisfaisante. Les BANDits proposant que le vol des oiseaux ait évolué à partir de petit «reptiles» primitifs quadrupèdes et arboricoles. Ces reptiles «primitifs» auraient développé des «proto-plumes» qui auraient pu leur servir à planer à la manière des écureuils volants. Puis toujours selon les BANDits le vol des oiseaux seraient apparus comme spécialisation de ce type de locomotion (voir image ci-dessous). L’hypothèse proposé ici par les BANDits n’ayant rien de neuve car ayant déjà été proposé au début du XXème siècle par le Naturaliste William Beebe ainsi que par un dénommé Hans Steiner. Cette hypothèse d’une origine arboricole du vol des oiseaux ayant pendant longtemps prévalu avant que l’origine dinosaurienne des oiseaux s’impose et ne fasse prévaloir une origine du vol à partir du sol.


L’origine du vol à partir de «reptiles» arboricoles et planeurs, proposée par les BANDits n’est pas neuve. Cette origine fut proposé au début du XXème siècle par des naturalistes tel que William Beebe ou Hans Steiner. Ci-dessus un hypothétique ancêtre des oiseaux tel que l'avais imaginé Hans Steiner.


Bien évidemment comme cela fut déjà dit dans le message précédent de cette série les BANDits reste le problème des indéniables dinosaurs à plumes tel que par exemple le célèbre Dromaeosauridé Microraptor. Par ailleurs Microraptor même avait la particularité d’être un dinosaure théropode muni de quatre membres emplumés, cela ayant trahissant selon les chercheurs d’un mode de vie de planeur arboricole. La découverte récente d’Anchiornis huxleyi lui aussi munit de quatre membres emplumé confirmant l’hypothèse selon laquelle certains dinosaures théropodes pouvaient avoir un mode de vie partiellement arboricole, se servant de leur quatre membres emplumé pour plané d’arbre en arbre comme l’avait suggéré en son temps le Naturaliste William Beebe.

Mais là encore comme déjà mentionner dans le précédent message de cette série, les BANDits affirment aujourd’hui que les Dromaeosauridés ne sont pas des dinosaures mais des oiseaux «primitifs» extraordinairement convergents avec les dinosaures théropodes Cœlurosauriens. Et paradoxalement Microraptor semble selon les BANDits constituer un «argument» en leur faveur.

Le BANDit Larry Martin et certains de ses collègues publièrent une étude consacré aux modalités de vol de Microraptor et de la possible implication de ces dernières en ce qui concerne l'origine du vol des oiseaux. De part cette étude Larry Martin et ses collègues soutiennent que Microraptor pouvait positionner ses pattes arrières de manière très «écartée» à la manière des crocodiles, ce qui lui aurait permis une position très efficiente pour le vol planer! Pour justifier cela Larry Martin pointa le fait que Microraptor ne posséderait pas des contraintes particulières au niveau de l'articulation du fémur, ces contraintes étant constitué d'une crête particulière nommé en anglais supracetabular crests et d'une surface articulaire nommée antitrochanters. Ces contraintes empêcheraient les autres dinosaures théropodes de positionner les jambes sur les côtés comme aurait pu le faire Microraptor. Et selon Larry Martin Microraptor contrairement autres dinosaures théropodes aurait pu prendre la position qu’il lui attribue ici!


Comme l’a rappelé Brian Switek les conclusions de Larry Martin sur Microraptor ne sont pas totalement innocentes car lui permettant insidieusement de soutenir deux choses confortant sa position de BANDits.

1. L’origine du vol des oiseaux serait à rechercher dans le «modèle arboricole». Le vol battu des oiseaux auraient évoluer à partir d’animaux planant d’arbres en arbres à la manière d’écureuils et volant et non pas à partir d’animaux bipèdes et coureurs comme le sont la plupart des dinosaures théropodes.

2. La position «membres postérieurs écartés à la manière des crocodiles», conforterait la positions de Larry Martin et des autres BANDits selon laquelle Microraptor et les autres Dromaeosauridés ne seraient pas des dinosaures théropodes, mais seraient issus de «reptiles» arboricoles quadrupèdes, qui seraient devenus extraordinairement convergents avec les dinosaures théropodes. Microraptor aurait conservé ce mode de vie d’arboricole planeur ancestrale tandis que les autres Dromaeosauridés comme Vélociraptor serait retourné à un mode de vie d’animaux terrestres bipèdes ayant perdu leur capacité initiale à planer un peu à la manière des oiseaux non-volants actuels.

Si Larry Martin évita d’affirmer haut et fort que son étude conforterait sa position de BANDit, son collègue BANDit John Ruben, lui n’hésita pas à affirmer que l’étude de Larry Martin serait un élément mettant à mal la parenté dinosaures-oiseaux.


Reconstitution de Microraptor faite par Larry Martin et ses collègues. Notez comment, selon ces derniers, Microraptor pouvait écarter ses members postérieurs. Notez aussi la ressemblance de cette reconstitution de Microraptor avec les Proavis de H. Steiner. Il est cependant également important de noter que la présente reconstitution de Microraptor ne fait de loin pas l’unanimité chez les spécialistes et que même si la dite reconstitution était vraie elle n’excluererait certainement pas Microraptor du clade des dinosaures théropodes Cœlurosauriens .


Cependant l’étude de Larry Martin sur Microraptor fut critiqué. Comme l’a noté Brian Switek certains chercheurs ont soulignée que le bassin du fossile Microraptor est mal conservé et qu’en conséquence les déduction faites par Larry Martin sur celui-ci pourrait bien être fausses. De plus ces mêmes chercheurs soulignent qu’un autre fossile de Dromaeosauridé nommé Hesperonychus étroitement apparenté à Microraptor, posséderait bel et bien une crête et une surface articulaire limitant l'écartement des pattes postérieurs, des contraintes de ce type auraient donc également de bonnes chances d'être également présentes chez Microraptor et de limiter le positionnement sur les côtés des membres postérieurs de ce dernier! Bien évidemment Larry Martin est ses collègues contestes les critiques de ces autres chercheurs en affirmant que Hesperonychus n’aurait pas été examiné suffisamment en détail et que lui aussi aurait pu écarter les membres postérieurs comme le faisait selon eux Microraptor.

Mais supposons malgré les doutes qui persistent que la reconstitution de Larry Martin soit entièrement vraie et que Microraptor ainsi que les Dromaeosauridés «primitifs» (et aussi probablement les Troodontidés «primitifs») étaient des animaux arboricoles qui planait d’arbres en arbres en pouvant écarté les membres postérieurs à la manière des crocodiles. Admettons également que le vol des oiseaux ait évolué à partir de ces arboricoles planeurs aux membres postérieurs pouvant s’écarter ainsi, hypothèse demeurant tout à fait intéressante et plausible. Même si ces derniers points étaient vrais cela ne permettrait pas de soutenir comme le font les BANDits, que les Dromaeosauridés (et le Troodontidés) ne sont pas des dinosaures théropodes Cœlurosauriens. Car comme cela a déjà été dit dans ce précédent message, les Dromaeosauridés et les Troodontidés partagent énormément de caractères en communs (crânes, bassins, vertèbres, doigts, poignets, etc, etc…..). Aussi même si les Dromaeosauridés «primitifs» pouvaient effectivement positionner leurs membres postérieurs à la manière de crocodiles, l’explication de loin la plus parcimonieuse serait que cette capacité aurait évolué chez certains Cœlurosauriens ancêtres de Dromaeosauridés.

Squelette de Microraptor gui
Squelette de Microraptor. Même si Larry Martin et ses collègues s’avéraient avoir raison sur la position des membres postérieurs de Microraptor il n’en demeure pas moins que ce dernier est un dinosaure théropode Cœlurosaurien.


Et donc même si les Dromaeosauridés les plus «primitifs» étaient des animaux arboricoles et planeurs cela ne signifierait pas pour autant que ces derniers ne sont pas des dinosaures théropodes, descendant eux-mêmes de dinosaures théropodes Cœlurosauriens bipèdes et coureurs!

Origine Arboricole versus Origine au sol, une fausse dichotomie?

Mais donc même si une origine arboricole du vol des oiseaux ne réfute pas l’origine dinosaurienne des oiseaux, savons-nous aujourd’hui si les oiseaux ont acquit le vol battu au sol où dans les arbres?

La réponse la plus objective serait «rien n’est sûr»!

Néanmoins certains pensent aujourd’hui que rechercher une origine du vol qui serait strictement au sol ou au contraire strictement arboricole, serait une fausse dichotomie, les petits dinosaures Cœlurosauriens ancêtres des oiseaux ayant très bien pu combiner déplacement au sol et dans les arbres. Car si Larry Martin a tort d’exclure les Dromaeosauridés et Troodontidés arboricoles du clade des dinosaures théropodes Cœlurosauriens, il n’a peut-être et même probablement pas tort lorsqu’il affirme que les Dromaeosauridés et Troodontidés les plus «primitifs», étaient de petits dinosaures thréopodes arboricoles et planeurs. Le fossile d’Anchiornis huxleyi datant du Jurassique supérieurs et plus ancien que Archaeoptéryx allant dans le sens d’un mode de vie de planeur arboricole. Beaucoup pensant que le vol battu des oiseaux a évoluer à partir de ce mode de vie particulier.


Squelette d’Anchiornis huxleyi
Le vole des oiseaux a-t-il évolué à partir de dinosaures théropode coureurs ou de dinosaures théropodes arboricoles et planeurs? Si l’on se réfère au dinosaure à plume Anchiornis huxleyi (image ci-dessus) datant du Jurassique supérieux et plus vieux que Archaeoptéryx, il se pourrait que le vole ait découlé d’un mode de locomotion «mixte». À savoir des dinosaures se déplaçant parfois au sol et parfois dans les arbres en mobilisant leur plume au sol comme dans les arbres. Notons également l’importance que ces plumes ont pu probablement jouer en matière de sélection sexuelle chez les dinosaures théropodes en question.


Ainsi certains considèrent qu’il est inutile de vouloir à tout prix opposer une origine arboricole et une origine au sol, du vol. Les petits dinosaures v à plumes ayant pu mobiliser leurs membres antérieurs (mais aussi postérieurs) emplumés aussi bien au sol que dans les arbres et donc même si l’origine exacte du vol est encore débattue il paraît désormais désuet que de se cantonner à l’extrémité de chacune des deux positions en question.


«Birds Are Not Dinosaurs» et «Birds Came Firts»

Notons également que l’actuelle position defend par les BANDits ressemble étrangement à une autre théorie alternative nommé «Birds Came Firsts» en français «les oiseaux sont venus les premiers» théorie proposé par un dénommé George Olshevsky. Selon cette hypothèse les dinosaures théropodes les plus «primitifs» seraient des «proto-oiseaux» très similaires à Archaeoptéryx eux-mêmes issue de «reptiles» quadrupèdes arboricoles. Puis selon George Olshevsky l’ensemble ou tout du moins une partie importante des dinosaures théropodes auraient ensuite évolué à partir de ces «proto-oiseaux» qui ne seraient donc pas des dinosaures théropodes Cœlurosauriens déjà passablement dérivés mais bel et bien la forme dinosaurienne ancestrale.


Phylogénie proposé par l’hypothèse «Birds Came First». On remarque que selon cette hypothèse les dinosaures théropodes terrestres descendraient de dinosaures à plumes similaires à Archaeoptéryx.

Les arguments que George Olshevsky présentait en faveur de son hypothèse furent globalement les mêmes que celles que présentent ou devraient-on plutôt dire, récupèrent les BANDits actuellement et qui furent traités plus haut dans le présent message (notamment l’argument selon lequel le vol des oiseaux n’aurait pas pu évoluer à partir d’un animal bipéde). De plus George Olshevsky proposa également Longisquama comme un ancêtre possible de ces proto-oiseaux. Comme on pouvait s’en douter la position de George Olshevsky est critiquable et peu considéré pour les mêmes raisons que celles mentionnées plus haut à l’encontre des BANDits. Cependant à la différence de ces derniers, George Olshevsky affirmait que Longisquama était lui-même un dinosaure et que les oiseaux tout comme les «proto-oiseaux» faisaient également partie de la «radiation» dinosaurienne. Bien évidemment affirmer que l’ensemble (ou tout du moins la majorité) des dinosaures théropodes sont issues de «proto-oiseaux» similaires à Archaeoptéryx ne tient pas pour plusieurs raisons. Le zoologue Darren Naish ayant d’ailleurs consacré un mini-dossier à l’hypothèse de George Olshevsky ainsi qu’à la réfutation de celle-ci.

En reprenant à leur compte l’hypothèse «Birds came First» de George Olshevsky, les BANDits cherchèrent encore à valider leur position selon laquelle les Dromaeosauridés, les Troodontidés et les oiseaux descendent bel et bien de «reptiles» arboricoles et quadrupèdes. Pour valider cette position les BANDits se réfèrent à des fossiles sensés prouver cette origine quadrupède et arboricole et par là même réfuter l’origine dinosaurienne des oiseaux.


Des ancêtres non-dinosauriens à plumes?

Parmi ces scénarios évolutifs alternatifs les BANDits citent souvent un «reptile primitif» nommé Longisquama dont le fossile présente de longues structures rubanées sur le dos (voir image ci-dessous).

Les BANDits affirment que ces structures «rubanées» seraient des plumes ou des «proto-plumes» faisant de Longisquama un proche parent des oiseaux et comme Longisquama n’est pas un dinosaure, cela contredirait l’origine dinosaurienne des oiseaux.


Fossile et reconstitution de Longisquama. Les BANDits affirment que les structures rubanés présente sur le dos de l’animal serait des plumes ou des «proto-plumes», mais la majorité des scientifiques ne partagent guère cet avis en soulignant d’importantes différences par apport aux plumes véritables.

Rappelons également que suite à la découverte de dinosaures maniraptoriens à plumes les BANDits ont alors affirmé que ces derniers ne sont pas des dinosaures théropodes Cœlurosauriens mais sont simplement extraordinairement convergents avec ces derniers. Aussi selon une phylogénie déjà présentée dans le précédent message de cette série, le BANDit Larry Martin proposa de faire de Longisquama un proche parent des Maniraptoriens, ce qui phylogénétiquement n’a bien évidemment pas du tout été admis par l’écrasante majorité des spécialistes à l’exception des BANDits


Phylogénie alternative proposée par le BANDits Larry Martin, noter que Longisquama est placée comme étant un proche parents des Maniraptoriens qui eux-mêmes sont selon Larry Martin exclus complètement du clade des dinosaures théropodes Cœlurosauriens.

Le problème étant que les structures rubanées de Longisquama ne sont guère considéré comme étant des plumes ou des «proto-plumes» par la majorité des spécialistes. Par exemple une récente étude consacré aux structures rubanées en question, on montré que celles-ci étaient morphologiquement très différentes des plumes actuelles. Par exemples les structures de Longisquama sont enveloppées par un sorte de membrane chose inexistantes chez les plumes des oiseaux, les auteurs de cette étude relevant par ailleurs d’autres caractéristiques réfutant l’idée que les structures rubanées de Longisquama puissent être de proches structures homologues aux plumes des oiseaux.

Un autre «reptile» fossile fut proposé comme étant un proche parent des ancêtres des oiseaux à savoir Cosesaurus aviceps dont certains ont proposé que le fossile témoignerait de la présence de plumes ou de «proto-plumes» (voir image ci-dessous), ainsi que d’un crâne ressemblant déjà passablement à celui d’un oiseau moderne comme par exemple le pigeons.


Le fossile Cosesaurus aviceps présente autour de son squelettes des filaments que certains chercheurs ont interprété comme étant des plumes. Pourtant ce dernier point n’a jamais été formellement démontrée de plus de part sa morphologie Cosesaurus aviceps ne peut pas être considéré comme un proche parent des oiseaux.

Le problème avec Cosesaurus aviceps est qu’il n’a jamais été démontré que les traces fossilisés entourant le squelettes, soient formellement des plumes ou des «proto-plumes». De plus vouloir faire de Cosesaurus aviceps un proche parent des oiseaux actuels à cause de son crâne similaire aux oiseaux moderne, c’est oublier que Cosesaurus aviceps possédait au moins quatre doigts aux membres antérieurs ainsi qu’une longue queue osseuse. Les oiseaux primitifs comme Confuciusornis n’en possède que trois et ont déjà un pygostyle en lieu et place d'une longue queue osseuse. Or c’est là que le bas blesse car si l’on admet que Cosesaurus aviceps malgré ses caractères basaux (au moins quatre doigts aux membres postérieurs et une longue queue osseuse) possédait malgré tout crâne bien plus dérivé que celui des oiseaux du début du Crétacé, cela impliquerait des cas remarquable de convergences évolutives en ce qui concerne les doigts, la queue, le bassin et d’autres caractères. En réalité le scénario évolutif qui soit de loin le plus parcimonieux est qu’en réalité seule la similitude du crâne de Cosesaurus aviceps avec les oiseaux modernes, soit une convergence évolutive et que donc Cosesaurus aviceps ne soit pas un proche parent des oiseaux. Par ailleurs on peut ajouter que récemment Cosesaurus aviceps fut classer comme étant un relativement proche parents des Ptérosaures et non pas des oiseaux.

Une découvertes réhabilitant l’idée d’un «plumage» chez Longisquama?

Récemment paraissait une publication sur ce qui semble être des plumes fossilisées. Selon les auteurs ces plumes seraient des sortes «d’intermédiaire» entre les bandes rubanées de Longisquama et les plumes des oiseaux modernes le tout semblant réhabiliter l’idée selon laquelle les oiseaux seraient apparenté à Longisquama et non pas aux dinosaures théropodes.


En haut une photo de la possible plume fossilisé décrite par Jerzy Dzik et ses collègues, en bas le schéma évolutif de la plumes tel que ces derniers la décrivent. Selon Jerzy Dzik et ses collègues, les plumes auraient évolué à partir d’écailles, les structures rubanées de Longisquama serait une des premières étape de cette évolution de l’écaille à la plume et la possible plume photographié ci-dessus serait une des étapes suivantes. Problème les études sur le développement des plumes n’indiquent pas que celles-ci sont des écailles modifiées.

Mais la suggestion selon laquelle ces possibles plumes fossilisés conforteraient une évolution des plumes à partir de structures «écailleuses» similaires à celles de Longisquama se heurte à plusieurs objections. Premièrement il a ce qui a déjà été précisée plus haut, à savoir que les structures de Longisquama ne semblent pas être directement homologues aux plumes. Par ailleurs l’idée que les plumes ont évolué à partir d’écailles s’oppose aux constatations empiriques faites notamment par Richard O. Prum, celle démontrant que contrairement aux écailles les plumes ne sont composées que de β-Kératine et que contrairement aux plumes les écailles se développent à partir de replis de la peau et non de «placodes» comme c’est le cas avec les plumes des oiseaux (voir image ci-dessous). Par ailleurs le modèle de développement proposé par Richard O. Prum correspond aux «Proto-plumes» retrouvé chez des fossiles de dinosaures théropodes Cœlurosauriens tel que Sinosauropteryx prima et Beipiaosaurus inexpectus.


Les plumes des oiseaux ne se développent pas de manière similaire aux écailles. Au début de leur développement les plumes forment un placode puis un germe. C’est de se germe que se forme ensuite la plume. Les déductions de Jerzy Dzik et de ses collègues ne collent donc pas avec ce que l’on sait aujourd’hui du développement des plumes et donc de l’évolution de ces dernières. Image tirés du Guide Critique de l’Évolution rédigé sous la direction de Guillaume Lecointre


Enfin dernier point que l’on peut soulever certaines structures des possibles plumes décrites par Jerzy Dzik et ses collègues, semblent étrangement similaires à ce que l’on a constaté chez les dinosaures à plumes nommé Epidexipteryx hui. Les plumes caudales d’Epidexipteryx hui se détachant prenant le départ à partir d’une sort de «membrane» unique tout comme une des possibles plumes décrite par Jerzy Dzik et ses collègues. Cela peut laisser penser que les plumes des dinosaures avaient une diversité initiale plus importante que celle qui existe chez les oiseaux actuels.


De haut en bas, fossile d’Epidexipteryx hui, de Sinosauropteryx prima et de Beipiaosaurus inexpectus. Les plumes et «proto-plumes» de ces fossiles étant confirme au modèle évolutif de Richard O. Prum et nous montre que les dinosaures théropodes Cœlurosauriens avaient une grande diversité de plumes, diversité probablement plus importante que celle existant chez les oiseaux modernes.


Aussi bien que les possibles plumes décrites par Jerzy Dzik et ses collègues, sont des plus intéressantes, l’interprétation faites sur ces dernières et visant à faire de celles-ci une démonstration de l’évolution des plumes à partir des structures comme celles présentes chez Longisquama, demeure parfaitement spéculative en plus de ne pas être en accord avec certaines données. Les spéculations de Jerzy Dzik et ses collègues ne constituant nullement une démonstration probante de la présence de «proto-plumes» chez Longisquama et encore moins d’une possible réfutation de l’origine dinosaurienne des oiseaux.

Conclusion

Au final il apparait qu’il n’existe pas de scénarios alternatifs probants à l’origine dinosaurienne des oiseaux. Car l’idée d’une origine non-dinosaurienne des oiseaux, implique l’exclusion des Maniraptoriens du clade des dinosaures théropodes défendues par les BANDits. Et le rattachement des oiseaux à des «reptiles» tel que Longisquama ne pourrait être valider que si l’on disposait de fossiles indiquant une réelle continuité entre ces «reptiles» et les oiseaux actuels, ce qui n’est pas le cas. Alors que la continuité morphologique menant des Dinosaures théropodes non- Cœlurosauriens, aux dinosaures théropodes Cœlurosauriens, puis des Cœlurosauriens non-Maniratptoriens aux Cœlurosauriens Maniraptoriens et enfin des Maniraptoriens non-aviens aux Maniraptoriens aviens (oiseaux), est en revanche bien réelle mais étrangement ignorée par les BANDits.



Les divers caractéristiques anatomiques des Maniraptoriens (embranchement numéro 7 du présent schéma) nous montrent que ces derniers font bien partie des dinosaures théropodes Cœlurosauriens et que donc par extension les oiseaux également. Cette construction phylogénétique demeure extrêmement solide et malgré leur diverses tentatives les BANDits ne sont jamais parvenus à ni à montrer que celle-ci ne tient, ni même à proposer une phylogénie alternative convaincante.


Ainsi donc malgré toute leurs tentatives les BANDits ne sont de loin pas parvenus à amener des éléments mettant à mal l'origine dinosaurienne des oiseaux. Les phylogénies alternatives proposées par les BANDits (notamment celle de Larry Martin) ne résistent pas à l'analyse cladistique se basant sur de nombreuses similitudes morphologiques. L'origine dinosaurienne des oiseaux est donc aujourd'hui considéré comme étant un fait avéré. Bien évidemment comme l'avait si bien dit le défunt paléontologue Stephen Jay Gould, en Science «fait» ne signifie pas «certitude absolue», mais certains faits sont tellement bien établies qu'il serait pervers de ne pas y souscrire même si une remise en cause est toujours à envisager. C'est le cas de l'origine dinosaurienne des oiseaux qui est aujourd'hui amplement démontré, la continuité entre les dinosaures théropodes non-aviens et les oiseaux est même si bien démontré que distinguer un dinosaure d'un oiseau est d'avantage du ressort de l'arbitraire qu'autre chose. Nous pouvons donc dire aujourd'hui que les oiseaux sont bel et bien des dinosaures. Bien évidemment nous ne rejetons pas d'avance des études et découvertes qui démontreraient le contraire mais force est de constater et ce malgré tous les «efforts» faits par les BANDits, que jusqu'ici rien de probant n'a remis en question le fait que les oiseaux sont des dinosaures bien au contraire!


Larry D. Martin and al (2010), Model tests of gliding with different hindwing configurations in the four-winged dromaeosaurid Microraptor gui, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)

Jason Broughama and Stephen L. Brusatte (2010), Distorted Microraptor specimen is not ideal for understanding the origin of avian flight, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)

Larry D. Martin and al (2010), Reply to Brougham and Brusatte: Overall anatomy confirms posture and flight model offers insight into the evolution of bird flight, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)

John Ruben (2010), Paleobiology and the origins of avian flight, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)

Nicholas R. Longrich and Philip J. Currie (2008), A microraptorine (Dinosauria–Dromaeosauridae) from the Late Cretaceous of North America, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)


Lawrence M. Witmer (2009), Feathered dinosaurs in a tangle, Nature

David Peters (2000), A reexamination of four prolacertiforms with implications for pterosaur phylogenesis, Rivista Italiana di Paleontologia e Stratigrafia

George Olshevsky (1994), The birds first? A theory to fit the facts evolution of reptiles into birds, Omni

John Ruben and al (2000), Nonavian Feathers in a Late Triassic Archosaur, Science

Voigt S, Buchwitz M, Fischer J, Krause D, Georgi R (2009), Feather-like development of Triassic diapsid skin appendages, Naturwissenschaften


Richard O. Prum (2005), Evolution of the Morphological Innovationsof Feathers, Journal Of Experimental Zoology


Xing Xua, Xiaoting Zhengb and Hailu Youc (2008), A new feather type in a nonavian theropod and the early evolution of feathers, Proceedings of the National Academy of Sciences (PNAS)

2 commentaires:

  1. Moi qui pensais avoir plutôt été exhaustif dans mon approche des plumes des dinosaures, me voilà franchement challengé! Félicitations!
    http://stripscience.cafe-sciences.org/articles/serenades-et-roucoulades-chez-les-theropodes/"
    http://ssaft.com/Blog/dotclear/index.php?post/2009/05/11/Les-dinosaures-agrave%3B-plumes-%3A-Le-modegrave%3Ble
    http://ssaft.com/Blog/dotclear/index.php?post/2009/05/19/Les-dinosaures-agrave%3B-plumes%3A-ce-qu-en-disent-les-moleacute%3Bcules
    http://ssaft.com/Blog/dotclear/index.php?post/2009/05/27/Les-dinosaures-agrave%3B-plumes%3A-les-fossiles
    http://ssaft.com/Blog/dotclear/index.php?post/2010/01/29/Dinosaures-agrave%3B-plumes%2C-drsquo%3Baccord%2C-mais-de-quelles-couleurs
    C'est une sacrée convergence évolutive tout de même!

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  2. Article très intéressant.

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